La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 12 octobre 2009




à la fille de moi...

aux enfants du monde partis en fumée.




Roman




J'ai retrouvé mon violon.
Ah, mon Dieu, ce que j'ai pleuré quand je l'ai vu partir à veau l'eau, dans ce torrent de boues et d'immondices. Je croyais l'avoir perdu, ce violon qui m'avait été offert par une douce connaissance que je connaissais depuis sa naissance. Elle aussi avait survécu aux eaux de sa naissance et sa mère, comateuse, aussi. Ils, les médecins, l'avaient mise en couvent, en couvercle, en couverture, non, en couveuse, enfin une boîte qui peut servir de cercueil si ça marche mal. Vous savez, ou vous ne savez peut-être pas, que les femmes risquent leur vie pour enfanter et offrir des enfants à la Terre mère. Mais les hommes sont tellement cons, avec leurs médailles, en chocolat ( attention, il en a des vraies ) leur moulin à parole, leurs blabla, leur fôteballe, leur bière, leurs maîtresses.
Vous savez, c'est pas moi qui dirait le contraire, je suis un homme, un vrai, sauf que je bois pas de bière, sauf que j'aime pas le foot, mais j'aime bien Zidane, sans être homo. J'ai pas dit qu'il était homo, le Zidane. Lisez bien, quand même.
Donc ce violon rouge, exacte copie de ceux qui avaient joué la chaconne de Bach, devant les gibet des louves blondes à Auschwitz ( ah, ce nom, qu'est-qu'il est dur à écrire, presque aussi dur que le camp dont le nom éponyme s'écrivit en encre noire sur l'avant bras de tant de mes maman, de mes Mama)
Enfin, je m'égare.
Je ne sais pas, je n'étais pas en vacances là-bas. Maman, si elle y est allée. Elle y est restée avec les enfants d'Ysieux, avec les grand parents de Beaume le Rollande, avec la famille à Raymond, de Montreuil. Ah, celui-la et ses cousins ,ses cousines, ses oncles et tantes chéries, son papa et sa Maman, il a fallu qu'il se fasse remarquer. Pendant la Rafle du Vel'd'Hiv le 16 juilet 1942, il a réussi à s'évader avec son jeune frère, du vélodrôme, à la barbe des hirondelles qui jouaient de la matraque sur tout ce qui bougeait. Invitez-le, il vous racontera son histoire,come il le fait si généreuseme,t, accompagné de sa douce femme, Jeanine.
Dame, la police, ça mate, ça cogne, c'est aussi fait pour ça. Enfin à cette époque ,car de nos jours, je ne les fréquente pas, les hirondelles. Paraît que cà a changé quand même, ils sont mieux équipés. ils ont plus leur cape de Zorro. Ils ont des Tétards...Zetazer; des Zé... Non, des
Tasez, c'est ça, des Taser, sorte de calmant à distance pour raflé récalcitrant.
Bon, c'est vrai, on peut pas être contre le progrès. Mais, est-ce un vrai progrès. Faudra que j'demande à Guy Bedos, y connaît bien Yzieux. Y doit avoir une opinion sur le Tazer. Ca m'étonnerait qu'il aime. Enfin, si vous le voyez, demandez lui de ma part.
Pis de toute façons, la famille à Raymond, ils craignent plus rien , y a plus de Vel d'Hiv. Y'a plus de famille,non plus, tous rectifiés. Tous passés au Ziclon B tous incinérés, les 43 dans les fours d'Auschwitz.
Demandez à la soeur Lilia qui habite maintenant à Sfax en Tunisie. Elle est médecin, comme Luis Ferdinand Céline, médecin aussi " mais" têteur de la louve blonde ,de Paris à Somelweis. Lilia, je l'aime. Je l'aime car elle est une femme épatante et qu'un femme épatante toubib , c'est encor mieux qu'un homme épattant, toubib.Je le lui ai écrit, que je l'aimais d'un amour fraternel mais pas comme ma femme, Marie C. que j'aime d'un amour charnel, très charnel. Il y a quand même une différence. M.C. ça l'énerve quand je lui dit ça,. Elle me dit , c'est comme si j'appelais notre photocopieus, alors qu'elle notre photocopieuse, cest H.P. C'est pourtant pas pareil. Comme les deux soretes d'amour. M.C est la mère de Fanny, qui m'avait offert le petit violon rouge qui ressemblait tant à celui ayant joué à Auschwitz, devant les gibets.
-T'es obsédé par les juifs, me disait un jour, mon beau-frère qui ne savait pas que j'en étais un de juif, et croyait que mon étoile portée autour du cou, c'était le signe du zodiac, vu qu'il en avait un, un zodiac, amarré dans le port de Brest et qu'il avait vu la même étoile, sur le compas. de l'embarcation, vu qu'à Brest, le brouillard... C'est con, des fois, les beauf. Je le sais, j'en suis un, pas de con, quoique. Non, je suis un beau frère, pas un beauf...Jamais, plutôt mourir.

Je suis mort de chagrin pendant presque 2 ans, et c'est long, 2ans. Remarquez, quand on est deux à pleurer, ça la ve le sol de l'apartement. Je pleurais parce que j'avais perdu mon petit violon rouge. J'avais écrit à Epamin, sur son blog des Esperluettes, à Sylvie, très proche d'elle,à Lilia, dans sa belle Tunisie, à Emmanuel, en Auvergne, à qui encore...oui, à...ça me revient , à Shulamit, à Esther, Louise, Maude, Henri, Théophane, Joseph, Nessim et bien entendu à Moïse, mon Papa, qui était aussi mort en Allemagne ,enfin je ne suis pas sûr.
- "T'écris aux morts ? "
que m'avais dit mon beau frère.
- " Ben mon pote, t'es un grand fèlé".

Oui que lui avait dit, fèlé du coeur, mais sur cette blessure, je porte une étoile jaune pour stopper l'hémorragie et ça marche. Y sait pas cet imbécile de Breton, eh oui, il y en a un peu en Bretagne, moins qu'ici, mais y en a des imbéciles. Y savait pas cet homme, que mes morts, nos morts partis en fumée, ceux qui n'ont eu comme tombe que les campagnes de Pologne d'Allemagne ou d'ailleurs, ils sont enterrés dans nos coeurs à nous les rescapés, les survivants. Après, c'est dur d'être heureux. Il y en qui y arrivent et tant mieux, je les envie. On ne peut pas leur en vouloir. Moi, j'écoute Elie Wisel, ou Simone Weill. Je regarde leur regard, brûlant, qu'il
est. Je regarde Raymond dans les yeux. Je vois la fumée des fours crématoires dans ses pupilles de vieil homme approchant les 80 ans. Mais je n'y vois pas la haine qui allume les yeux de la louve blonde, aux milliers de petits louveteaux qui lui têtent ses mamelles, s'empoisonnent à l'idéologie fasciste qui parle du "détail" pour rire et faire rire les cruels.
Ils ont besoin de ça, les cruels, pour bander dans leur froc d'homme . Assez cons , qu'ils sont, pour croire à de telles fadaises.
Ah, c'est pas eux qui joueraient du petit violon rouge. Eux, ils sont juste bons à élever des potences et à y pendre haut et court un Ministre qui ouvre sa gueule trop grande. Vous me trouvez vulgaire. Mais non, la vulgarité c'est d'ouvrir de camps de concentration pour y mettre ma famille, c'est de pendre de pauvres prisonniers, coupables d'avoir voulu fuir l'enfer.
La vulgarité, c'est, porter un uniforme nazi. C'est découper des enfants vivants, c'est inventer le Ziclon B, c'est prendre des photos de monceaux de cadavres. Non les femmes qui se donnèrent aux nazis dans les camps, n'étaient pas des putains. Les putains c'était les autres, en face. Les hommes bottés dans leurs uniformes d'opérette. La division Das Reich qui anéantit Oradour était de cette race pure et supérieure, soit disant protègée deDieu. Gott mitt uns...Tu parles
Mon Dieu, comment une jeunesse actuelle peut-elle s'engager derrière une louve blonde. Ils ont perdu la mémoire qu'ils n'ont jamais eue. Ils sont devenus fous.On peut dire que ce sont des jeunes hommes aveuglés de haine, sans doute, mais le fascisme n'a pas de couleur, ni droite ni gauche, c'est un poison universel. Le fascisme ouvrara d'autres camps, avec d'autres orchestres funèbres, d'autres potences, sil'on vote pour la louve blonde.
Mais leurs élites, les vieux, ceusx qui ont connu cette guerre mondiale orchestrée par Hitler, ils auraient fait quoi de la petite Fanny, du Petit Roger, du petit, Jacques s'ils étaient nés, là-bas, pres de Lyon et qu'une âme naïve les avait placés dans cette école d'Ysieux. Ils auraient fait quoi, avec leurs galoches en bois et leur tabliers, Ils auraient dit quoi, rafflés par la Police de Vichy. Ils auraient dit, rien du tout. Ils auraient fait le dernier voyage jusqu'à la rampe et puis, la douche, pour être propre. Ah qu'ils furent heureux les enfants du "détail" dans ce Paradis Terrestre sans Dieu, puisque Dieu, à l'époque était déjà mort.
Notre paradis, on l'apelait Pichipoï. Essayez d'apprendre ça à vos enfants, Ils vous diront, en vous regardant dans les yeux,
- Papa, Maman, quand -est-ce que je vais à Pichipoï...

Non,c' est pas vrai, maintenant on va à Disneyland. C'est plus festif. C'est moins dramatique. C'est plus souhaitable. Et puis la guerre elle n'est plus chez nous, elle est en Afghanistan. On est tranquilles, me dit mon beau frère qui a un zodiac, aussi, " y nous arrivera plus rien, d'ici notre mort. La cave est pleine et nos comptes en banque, aussi".
Enfin, mon petit violon rouge, il est venu s'asseoir auprès de moi, cet après-midi et il m'a joué un air de fête, un air d'amour.
Alors vous pensez , moi quis suis vieux, comme je suis heureux d'avoir retrouvé mon petit violon rouge et sa virtuose qui répond au doux nom de Fanny, belle brune de 34 ans aux yeux de braise. Je l'aime cette braise, cette femme,cette fille, cette petite fille en sa couveuse, cet enfant dans le ventre de sa mère, cette femme qui est, tout simplement, ma fille, notre fille d'amour.


Roger Dautais
Ils m'ont tué, mais je reste envie encore un peu...

Les deux premières " Identité " ces spirales de sable que j'ai réalisées s font 45 mètres de circonférence. La plus au sud le fut sur l'Île de Djerba en Tunisie
Pour la troisième photo et pour le correspondant d'un grand journal de l'Ouest, un quotidien et qui me demanda un jour d'exposition de mes photos dans l' Eglise du Saint Sépulcre de Caen( eh ! Oui ) que la Ville de Caen me prêta aimablement:

- " c'est quoi, ça? ça veut dire quoi, ça ?" en parlant de cette troisième photo, présentée parmi mes 100 oeuvres exposées.

Je peux lui répondre, maintenant que ma colère d'alors, soit passée aujourd'hui, que le truc jaune là, c'est du lin et que je l'ai trouvé au champ des Vico, non loin de l'Abbaye d'Ardennes.
La famille Vico se comporta héroïquement pendant la guerre de 39/45 dans la résistance. Monsieur Vico me fit le grand honneur de participer à mon film PLAGES DE LIBERTE, tourné sur les plages du débarquement en Normandie en l'année 2006.
Pendant cette seconde guerre mondiale,Monsieur Vico, alors tout jeune homme, rejoignit la résistance Normande et se battit avec sa famille , pour abattre le nazisme.

Ce truc jaune en lin, Monsieur le journaliste, est mon étoile, ne vous en déplaise et je ne vous en veut même plus de votre bévue. Il m'importait quand même de vous l'écrire ici.

Pourquoi je représente cette étoile dans mon land art ?
D'abord parce que je m'efforce d'être un artiste libre, ensuite parce que j'aime le lin et les étoiles.


Roger DAUTAIS

" Dans le juste chemin "

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

3 commentaires:

  1. dis moi Roger, quel est ce matériaux que tu utilise pour tes étoiles. Il me semble que j'ai vu ce genre de tiges coupées au sol en ligne droite dans des champs en Normandie mais sans pouvoir identifier de quelle culture il s'agissait. Est ce bien cette plante là?
    sinon as-tu réfléchis au mail que je t'ai envoyé ce week end?

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  2. Touchée, bien au-delà des mots ...

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  3. Par pudeur,
    Pour l'honneur que tu me fais,
    Pour l'émotion que tes propos suscitent en moi à chaque fois, je préfère encore me retirer sur la pointe des pieds
    mais avec toute mon amitié pour toi et ta petite famille.

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.