La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

vendredi 30 avril 2010






Le marché des anges
...




Avant de prendre quelques jours de vacances j'ai sélectionné une série de quatre photos à laquelle j'ai donné le nom suivant :" Le marché des Anges" . peut-être en souvenir de mon premier conte pour enfants : "Le Anges aux Pattes rouges" qui en l'occurrence étaient des pigeons voyageurs !
Dans les quatre compositions il y a des fleurs, parfois des baies, et toujours de l'eau.
Si, dans la création land art, l'eau reste un des éléments les plus difficiles à maitriser, sa présence pour moi, est, à chaque fois rassurante. L'effet de miroir obtenu avec le jeu de lumière du soleil, les ombres aussi, donne un effet difficilement calculable mais souvent intéressant. A l'image de la vie, il faut parfois savoir se mouiller pour aller chercher ces endroits mais le voyage en vaut la peine.
Dans la dernière photo, j'ai imaginé une sorte de cagette flottante à base de joncs dans laquelle j'ai déposé ce qu'aurait ramassé un ange avant de reprendre la route du ciel. C'est ce qui m'a donné le titre de cet ensemble.
La première composition en forme d'éventail, a été exposée de nombreuses fois et choisie en couverture d'un magazine national.


Roger Dautais





Fleur épanouie

offerte nue au Levant

Corolle éclose

pistil à cueillir



****



Ma mie tendresse

sculpté par mes caresses

pas de paresse...



****




Oser c'est vivre

Prendre la vie offerte

Jouir d'aujourd'hui.




****




Chemin alangui

Le soleil étouffant

une source enfin.




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De ton île au loin

tu voudrais bien voir Paris

Moi, ton soleil.


Merci à tous ces auteurs de Haïku pour la qualité de leurs textes.






jeudi 29 avril 2010






Le cairn de la route du sud
...



Lorsque je me déplace, je suis toujours à l'affût de lieux nouveaux, de dépôts de pierres naturels ou organisés et je les mémorise pour plus tard. Ainsi lors de la construction d'une quatre voies au sud de ma ville, j'avais repéré, depuis plusieurs années, ce genre d'endroit et je m'y suis rendu en début de semaine. La quatre voies m'y conduit raidement puis je termine le chemin à pied. Une zone a survécu à toute cette infrastructure routière et a consacré une aire de dépôt pour recevoir, terres de remblais et pierres de toute sorte. J'escalade le talus de plusieurs mètres qui borde cette zone et je découvre un " trésor". Entendez par là, un énorme dépôt de pierres de très grosse taille, que je ne remuerai pas avec mes bras, mais aussi de moins grosses, plus transportables. Ce lieu me ramène aussitôt par la pensée aux cairns élevés dans la montagne de Matmata, dans le sud Tunisien, auprès des tombes berbères. J'en garde un souvenir inoubliable et au moment de commencer ce travail c'est à mes amis berbères que je pense. Le sol est instable, les pierres qui ne sont pas calées me font avancer comme un équilibriste. La différence avec lui, c'est que je ne suis pas léger car les premières pierres transportées dépassent largement les 25 kilos. J'établis une base solide, bien calée et je les monte sur le haut du talus et commence à les, empiler les unes sur les autres. Pas question de chercher la rigueur, le calibrage, non, ici les lieux sont sauvages et la construction doit garder cet esprit. Il faut accepter ce rugosité des pierres qui me blessent le bout des doigts, et les élever jusqu'à ce que le point du cairn haut soit atteint. A cette hauteur, une seule pierre, même très petite suffit à faire vaciller l'ensemble et le précipiter par terre.
Il faut très chaud et je n'ai pas amené d'eau pour me désaltérer. Dans le mouvement, je ne peux pas me permettre d'arrêter pour aller boire, ce serait casser le rythme dont j'ai besoin. Heureusement, j'ai connu tout au long de ma vie, ces efforts soutenus dans les travaux de la terre et je crois que la passion l'emporte sur la soif. Je termine mes trois cairns qui seront les
" guetteurs de la plaine". Je pars à l'exploration de la zone de dépôt et, tout au fond, je découvre un second amas de pierres installé sur une petite butte de terre de remblai. J'évalue le volume des pierres disponibles et le temps qu'il me reste devant moi, avant de me mettre au travail. Je vais élever un cairn plus important que les trois précédents, ici, avant de quitter les lieux. Je trace le cercle de base sur lequel il va s'élever et commence à rassembler de grosses pierres qui serviront de socle.
En deux heures, il est debout. Hauteur, 1.80 m environ et une fière allure dans ce lieu désert. Il portera le nom du cairn de la route du sud.
Deux jours plus tard c'est sur plage de la Côte de Nacre que j'entreprendrai d'en élever un autre dont je vous parlerai, une prochaine fois.


Roger Dautais






La parole
bref instant d'un spasme
stalactite sculpté
rune sertie
sous le parquet du ciel
muse muette
lettre de l'âtre
écho congelé
que la main estropie
sur la plage des pierres.



Patrice Delbourg.

L'ampleur du désastre

mardi 27 avril 2010




Alliance.
..



En choisissant de vous montrer ces deux petites installations, je voulais parler de ce qui naît dans l'instant d'un rayon de soleil, de fulgurance qu'il convient de traduire aussitôt et matérialiser avant que l'idée ne s'envole. Elles naissent en chemin, sur le bord d'un champ comme la première. Je me rendais dans une carrière pour un travail de force et rugueux sans doute, quand je me suis arrêté à la lisière d'un champ de lin qui ondulait au soleil. Le lin, c'est comme le blé, ça se regarde puis ça se caresse pour en sentir toute la souplesse. J'ai tout de suite eu l'idée de rassembler deux gerbes sur pied et de les lier ensemble avec une tige de lin, pour symboliser l'amitié, l'amour, la force. C'est venu comme ça. Je me suis agenouillé pour mieux voir l'effet produit et j'ai trouvé que cette arche se confondait avec le reste du champ. J'ai donc coupé la tête des tiges de lin qui se trouvaient derrière, puis j'ai posé le tout sur cette partie plane. Cela dégageait l'arrière plan de l'arche et laissait pénétrer la lumière du jour par le haut. Cette photo a été très souvent publiée et exposée.
Pour la seconde, l'idée de rassembler, au-dessus de la brèche, dans ce magnifique champ de blé, je l'ai voulue, légère et fleurie avec ce que j'avais sous la main.
Tous ces menus travaux me retardent un peu dans ma progression mais je ne peux y résister. Ils font partie de ma manière de fonctionner, à l'écoute de la Nature et de ce qu'elle me propose.



Roger Dautais






Portrait mille ans après.



en toute persévérance
murmure dans sa félicité

rien qui ne soit rives
révérées par le vent

n'aille par la porte de l'eau
épuiser l'écart et la route

jusqu'où la séduction
garde l'ombreuse rose

et retrouve tranquillité
le bonheur avide d'un souffle.



Mohammed Dib (Algérie)

O VIVE

dimanche 25 avril 2010



Citis.*





SOIR D'ÉTÉ


C'est le vent qui les appelle


Dehors les enfants ravis
rattrapent les linges


Grondement sans noirceur
Malgré la porte bousculée


Quand c'est le vent
Et pas la peur


Bien des visages légers
Pourraient se lancer des baisers


Le enfants rentrent en riant car tout était à l'envers
Mais rien de perdu
C'est même chaud !

Voluptueuse redressée, la nuit a voulu envahir autrement
Appuyée sur le vent la poussant


Pas d'orage,
l'énorme spectacle de la douceur ensemble.


Ariane Dreyfus

" Iris, c'est votre bleu "








* Ces 3 installations ont été réalisées l'été et font partie d'un ensemble qui porte le nom du petit lac où elles ont vécu le temps que le vent ne les disperse.
Dans le courant de l'année 2009, je répondais, comme beaucoup d'artistes à une interview sur Whohub. Je la propose à nouveau pour ceux qui ne l'auraient pas lue, comme un éclairage donné à mon travail.

Roger Dautais

Interview à:

ROGER DAUTAIS ]



ART
Que faites-vous ? Comment vous définissez-vous?
Je suis landartiste et je pratique cet art à plein temps depuis un peu plus de dix ans. Je pratique aussi la photo, puisque j'assure les prises de vue de mes travaux
Quel est votre message?
J'essaie de mettre l'homme au centre de la pratique artistique et cet acte au centre de la Nature, en essayant de respecter l'un et l'autre.
Votre biographie en quatre lignes
Je suis né en Bretagne en 1942, j'ai rencontré ma femme en 1966. Nous avons eu deux enfants puis deux petits enfants. Études classiques, puis études aux Beaux Arts de Rennes et enfin une école de photo dans l'est de la France. Espaces verts, fleuristerie, décoration puis land art ont occupé ma vie, jusqu'ici
Éditez-vous votre travail sur le net? Où peut-on le voir ?
Oui, et c'est nouveau pour moi
http://rogerdautais.blogspot.com/ mon blog vient d'être sélectionné par le site international PORTAIL DU LAND ART et j'y suis présenté dans le site www.landarts.fr, le blog http://actu.landarts.fr et dans l'annuaire www.landarts.info
La photographe Belge Patricia Vanespen présente aussi mon travail depuis plusieurs années sur différents site.
L'agence internationale de communication Belge BAOBAB présente aussi mon travail et un lien avec mon blog dans son dernier N° TAMTAM NEWS N°4 JUIN 2009
baobab@baobabcreation.be
Comment une idée naît-elle ? Qu´est-ce que l'inspiration pour vous?
Des idées, notre cerveau en est perpétuellement traversé. Les idées viennent de la vie, tout simplement, celle vécue à l'instant, mais aussi celle du passé. Disons que l'inspiration, si elle est comparable à une abeille butinant des fleurs en quète de pollen, sera faite d'un mixage de toutes ces mémoires qui viendront percuter une zone sensible, mettant en mouvement ma sensibilité. Je pense que les cinq sens sont des partenaires privilégiés de l'inspiration, c'est sans doute ce qui après déclanche le désir de faire puis l'acte. La marche d'un cerveau est complexe et personne ne pense sans doute à celà au moment de la recherche, lorsque la pré-image se forme dans cette boîte magique. l'inspiration est certainement sentimentale en même temps. Je pense que pour moi, c'est plus facile à vivre qu' à décrire car je ne suis pas un scientifique.
Qu´est-ce que l´art?
c'est une invention humaine, faite pour le plaisir de l'homme, pouvant parfoisle sauver l'homme d'un dessèchement social et qui pourtant l'emmène parfois à sa perte. Contrairement à ce que j'ai pu lire, ici et là, tout n'est pas de l'art. Je pense que l'art est l'essence même de la pensée humaine, qu'il est universel, transcende les codes établis et fait évoluer les mentalités. Il nécessite de la part de celui qui le pratique, un minimum de conscience et d'honnêteté intellectuelle, ce qui n'est nullement une barrière à la créativité artistique.
J'ajouterai que l'art est un médiateur puissant lorsqu'il est mis à la disposition de malades mentaux, par exemple ou des personnes démentes. Je pense là à la maladie d'Alzheimer.
Dans quelles circonstances vous apparaissent les meilleures idées?
Dans ma pratique du land art, c'est dans des paysages marins que je ressens à plein, le sentiment de liberté. Après une marche d'approche, nécessaire à la décontraction, la vue du paysage, de la mer, les bruits ambiants, la lumière, me font très rapidement envisager des installations possibles. Je crois aussi que c'est très lié à des souvenirs marins de ma petite enfance. Il y a du bonheur dans cette démarche là.
Quelle est votre preuve par neuf pour savoir si une idée est bonne?
Je n'ai pas de réponse à cette question. La réponse, il me semble, appartient aux autres.
Trois idées créatives que vous aimeriez, si c´est vous qui les aviez pensées.
L'Art Thérapie
La photographie
La radio
Quand, comment avez-vous commencé à vous sentir artiste?
Dans mon enfance, 7, 8 ans peut-être.
Pourquoi tant d'artistes et créateurs ont des personnalités volatiles?
Par générosité ! Non ?
Je pense, pour ma part que la sensibilité ou l'hypersensibilité pourraient bien en être la cause.
Vous considérez-vous postmoderne?
C'est le genre de question que je ne me pose jamais.
Comment doit-on évaluer une œuvre d'art?
A l' émotion qu'elle procure, pour le commun des mortels, à la montagne d'argent qu'elle rapportera pour les spéculateurs
L'artiste doit-il se réinventer chaque jour?
Ce serait l'idéal mais l'idéal existe-t-il ?
Quels artistes admirez-vous et de quelle manière influencent-ils votre travail?
Richard Long,
Walter De Maria
Ana Mendieta

Après plus de 10 ans de travail, je préfère, même si j'aime beaucoup ces artistes de Land Art, me laisser influencer par la nature. Malgré tout, je continue à rendre hommage à cette grande prêtresse du land art que fût Ana Mendieta, et je regrette sa disparition si tragique.
Quelle est votre opinion sur les subventions publiques à l'art?
J'ai souvent la sensation d'être dans ce domaine, frappé de cécité.
L´art authentique est-il l'art nécessaire?
Les deux adjectifs encadrent mal le mot art. Et puis à l'aulne de quel savoir, de quel tribunal allons nous décréter l'art authentique. Ensuite, une fois étiqueté authentique, pour qui cet art sera nécessaire?
Rappelez-moi, ce qui est nécessaire à un homme pour vivre .
Avez-vous du mal à vous séparer d´une pièce que vous avez vendue?
Non, jamais.
Achète-t-on le travail, ou achète-t-on plutôt l'artiste?
D'après vous !!!!
En art, il n'existe pas de guide, comment connaissez-vous vos prochains pas?
C'est vrai, ce questionnement , cette inquiétude sont de moteurs. Le jour où le désir de faire n'est plus là eh bien je crois qu'il est temps de ranger ses chaussures de marche et son sac à dos, de laisser le land art de côté et de passer à autre chose. Cela revient à ce que je disais au par avant si l'on n'a ni conscience de ce que l'on est ni de ce que nous entreprenons, l'aventure s'arrête vite.
Plutôt que de prochains pas, je dirai qu'il faut considérer une direction à suivre, ça me paraît plus ouvert.
Voyez-vous d´un bon œil qu'une grande partie des œuvres exposées dans les musées d'art contemporains soient d´artistes déjà décédés?
Vous savez, la mort, ça frappe tout le monde et puis il y a pas mal d'artistes vivants d'exposés dans les musées. A leur place, je me méfierai.
Quel rôle ont joué dans votre trajectoire les figures du marchand, du représentant, de la galerie, et des intermédiaires en général?
En principe, le land art nous écarte de tout cela. Bien sûr, une mode consiste à rapatrier tous ces indiens et à les faire travailler à l'intérieur. Je pense que c'est plus facile pour servir le champagne, qui ainsi ne refroidit pas.
C'est l'argent qui a ramené les landartiste à l'intérieur. On n'y peut rien. Non, tout cela ne concerne qu'une petite partie des artistes , les plus riches. C'est à eux qu'il faudrait poser la question.
Quel type de commandes vous passe-t-on généralement?
Des interventions dans des écoles ou des villes.
Lequel de vos travaux aimez-vous le plus ?
Les spirales de sable qu'elles aient été réalisées aux portes du Désert dans le sud Marocain, dans le sud Tunisien, ou en France, à raison d'une centaine par an, après dix ans de cet exercice, j'ai toujours autant de plaisir à le réaliser
Collectionnez-vous quelque objet?
Des livres de voyage, des guides touristiques et des rêves
Quels portails d'art on line fréquentez-vous?
Je n'ai pas d'adresse particulière à part PORTAIL DU LAND ART, mais je visite aussi les sites d'artistes peintres,sculpteurs, et photographes essentiellement
Que conseilleriez-vous à ceux qui commencent?
De s'acheter une bonne paire de chaussures, un sac à dos, un appareil photo et de voyager. Voyager les yeux ouverts sur le monde, tel qu'il est, de rester modeste, de garder les pieds sur terre. Il faut bien sûr, pratiquer, généreusement, parler, échanger. Ne pas oublier que dans beaucoup de pays, le mot "Art" n'existe pas et qu'il vient après le mot "manger" que ce dernier devient " nécessaire" aussi.
Je leur souhaite, à 67 ans, comme moi, d'avoir la santé et de continuer la route.
Plus que jamais, le monde a besoin d'artiste et nous sommes en voie de disparition parce qu'en période de crise, nous ne sommes pas nécessaires aux yeux de beaucoup.
Il me semble que le mot "résistance" est indispensable dans la panoplie de l'artiste actuel, dans tous les sens du terme. Je leur dirai, pour finir, que l'expérience des uns sert rarement aux autres. Alors, défendez votre droit à l'erreur, expérimentez, inventez, il reste encore de beaux jours.

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ROGER DAUTAIS
hérouvile saint clair

[regor] ROGER DAUTAIS
Envoyez un message à Roger Dautais]


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© ROGER DAUTAIS
Adresse web de cette interview: http://www.whohub.com/regor

jeudi 22 avril 2010





à celle que j'aime
...



Il s'appelait Ty Moon (petite lune) . Il était né dans une cave de HLM en banlieue. Ils l'avaient ramassé dans une boîte à chaussures, puis élevé chez eux avec les autres chats, une famille de siamois. Ty moon était magnifique, avec une robe noire et blanche. Il est parti très vite, d'une maladie incurable. Je lui ai élevé ce cairn entouré d'une fontaine dans une friche industrielle, pendant un de ces étés très chauds et orageux. J'ai toujours pensé qu'il fallait marquer ainsi son départ.
Yael arriva dans la famille et choisit le midi pour pousser son premier cri. Je suis monté vers une plage de la côte de Nacre et je lui ai élevé son cairn : Le cairn Yael. Un homme s'est approché de moi pendant la construction et m'a demandé l'objet de mon travail. Je lui ai expliqué la naissance d'un petit neveu. Touché par mon initiative, il a voulu absolument m'aider à la construction du cairn et comme il avait l'air d'y tenir tellement, j'ai accepté son aide. Je n'ai jamais revu cet homme. C'était la première fois qu'un inconnu se proposait de m'aider dans ce genre de travail.
L'été brûlant et inhabituel avait craquelé les mares des gabions, qui par ces petits coéfficient de marée, restaient à sec. Je me suis approché de cette touffe d'algue qui, malgré la sécheresse, résistait et s'accrochait dans les craquelures du sol vaseux. J'ai coupé quelques brins d'herbe à portée de main pour les disposer, tels les branches d'une bonne étoile, puis j'ai repris ma route dans les herbus, pour rejoindre la plage qui bordait l'estuaire du fleuve.
Passer de l'anodin à la construction de cairns imposants, avec le même plaisir. Oublier chaque jour ce que l'on sait, ce que l'on a fait, ce que l'on est pour redevenir le marcheur solitaire, en attente de l'émotion qui déclenchera l'acte de faire, sans calcul, sans autre soucis que de vivre une longue expérience de vie consacrée au land art, semble être ma motivation principale dans cette pratique.


Roger Dautais







Cœur durable



La préférence
ira aux mains
à l'abri nu

ainsi dit
l'obscure admirable

quand il faudra
entre les marées
occuper l'enveloppement

et le silence
le rendre rouge.


Mohammed Dib (Algérie)

" O Vive "

mercredi 21 avril 2010



Pour elle, noire et feu, si fidèle...



Les terres à blé sont rases, à peine recouvertes d'un duvet de jeunes pousses qui frémissent au vent frais d'Avril. J'aime aller dans ces campagnes, à la recherche de chemins encore inconnus. J'aime à imaginer Morgane me précédent, reniflant je ne sais quel gibier qu'elle ne chasserait jamais. Elle est partie en Avril, juste avant de connaître une saison de coquelicots, juste avant de disparaître dans les blés dans lesquels je suivais sa trace par les " remous de surface". Je me souvient avoir réalisé pour elle, en souvenir de ces passages furtifs, une trace de coquelicots qui serpentait sur une friche, et se terminait par un semis naturel de coquelicots jusqu'à l'horizon. Plusieurs années après, je pourrai vous emmener à l'endroit exact de cette installation, ô combien éphémère dont le vent se chargea très vite de la disperser. Lorsque les coquelicots reviendront en juin, il me sera difficile d'oublier cet instant et cette photo qui fût publiée de nombreuses fois dans différentes revues mais que j'ai plaisir à présenter de temps en temps.


Roger Dautais







C'est à partir du manque
que tout s'articule
l'âme lâche son carrousel de rêves
la mort gouverne en sous-main
catgut langue orthopédique
l'imagination devient secondaire
juste sur une solive un bajoyer
simple poids sous les étoiles basses
underwood muette sous sa housse
le néant garde ses apôtres
une péniche blanche
glisse invisible
dans le dos de l'éclusier
avec la nonchalance hébétée
d'une colonie de lemmings
c'est drôle cette façon qu'a la vie
de ne pas finir ses phrases.


Patrice Delbourg

L'ampleur du désastre ( 1995)

lundi 19 avril 2010




To the sea
...




La terre...on entendait sa respiration ondulante frôler les herbus qui s'accrochaient sur le haut des falaises. La laitance des vagues engrossait les sables mouillés et déposait une bordure de dentelles le long du trait de côte. Le froissement singulier des ailes de vieux cormorans perchés sur une patte, insensibles à la beauté du site, annonçait un coup de vent. Flatteur de houles assassines, il guetterait les vagues nuées des profondeurs sous les masses noires de nuages suspendus et annoncerait l'ouverture du bal. Tout se mettrait à danser et l'on verrait aux terrasses des restaurants de la jetée, s'envoler nappes et couverts dans un bruit de verre cassé.
La terre...de sa respiration ondulante rappellerait à tous, qu'elle seule savait combien de temps durerait cette fête surprenante pour que les hommes oublient un instant leurs rêves de puissance et de gloire.
Entre temps, pieds nus, j'aurai gravé dans le sable, une éphémère et large spirale dont les vingt quatre tours sur elle même rappelleraient la durée exacte d'une journée , avant de l'offrir à la mer.



Roger Dautais

" To the sea"
Land art en Normandie. Août 2006




Plus légère de mots



et la vague

qui se dissipe

en tout ensablement


qui se divulgue

en oubli

sur un ensemble de lèvres


la vague celle

qui distribue le secret

d'une mort confuse.



Mohamed Dib ( Algérie)

"O Vive"

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Qui êtes-vous ?

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.