La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 21 mai 2011











à Gwenaël Méziani,

La beauté de Béatrice Dalle n'a d'égale que son insoumission...


aux insoumis...


Je n'ai jamais regardé le ciel comme un trou. Je l'ai regardé comme tout prisonnier, avec envie. Alors le jour, où ils sont venus tendre des filins anti évasion, qui le découpaient comme des carrés de chocolat, mon âme a pleuré. C'est le pasteur qui m'a appris le mot âme et c'est beau.
J'ouvrais la fenêtre de mon atelier pour fumer un petit joint. Je voyais les pédo* se promener de long en large et puis, Jacquot,mon pote arrivait et c'était terminé pour eux. Il reprenaient leur place, longeant les murs comme des zombis.
Jacquot, il avait buté deux mec, il y a trente ans de ça, du côté de Marseille et depuis, il tirait sa perpet* en Normandie.
Fallait pas l'emmerder, c'est tout. Deux nazes qui avaient joué avec ses nerfs, et pas payé la came. Il les avait buté. Normal.
Il tirait perpet. Normal, pour les matons, pas pour lui.
Jacquot était mon pote. Était parce qu'ils avaient fini par le lâcher, un mardi matin qu'il pleuvait comme vache qui pisse.
La Normandie!!! les cons, ils m'avaient tiré de mon soleil pour me foutre au trou dans ce pays de pèquenauds.Moi aussi, je connaissais bien Mosché, dit Momo le Breton. un petit teigneux âgé qui nous visitait. Un juif, vous pensez si ça nous avait fait bien marrer, Jacquot et moi, un juif. Je croyais qu'ils les avaient tous cramé, l'hiver dernier.
Momo, il avait pas ri du tout vu que 38 des siens de frères, sœurs, tonton, tata, papa et maman, ils avaient été raflé au Veld'hiv le 16 juillet 1942, puis mis dans des trains, puis gazés et enfin brulés dans les camps de concentration.C'est pas humain tout ça.C'est pas un détail de l'histoire comme dit Leborgne.
Nous, on savait pas tout ça et puis, on était devenu un peu dur, derrière les murs gris.ON voyait jamais un arbre.
Notre cage, elle était maintenant en l'air. Faut vraiment être frappé pour avoir des idées pareil. Mettre le ciel en prison. C'est comme si, ils voulaient emprisonner notre cafetière.
Tiens, va dire à la Dalle qu'on va lui emprisonner sa cafetière.
J'ai eu un mot de Jacquot, six mois après sa libération. Il attendait à la sortie de la Mala, avec son balluchon et 5OO euros en poche. Mosché, il était passé avec une tire, Nissan Almera, un truc comme ça qu'il m'avait écrit. Il avait garé sa caisse . Il était venu le voir.
- Ben, mon Jacquot( attention, Mosché c'était pas une fiotte, il appelait Jacquot "mon" Jacquot parce que c'était un homme de bien. Pas un maton.
-Ben mon Jacquot, qu'est-ce que tu fout là?
-Y m'ont libéré
-Quand ?
-là.
-Tu pouvais pas le dire, pauvre con ?
-Non.
-Tu vas où ?
-dans l'Sud. Ah bon?
-Et c'est par où le sud?
-Chez pas.

Mosché avait repris sa Nissan Alméra gris métallisé puis il avait fait faire le tour de la centrale à Jacquot. Puis le tour de la ville et enfin, il l'avait conduit à la gare de Caen.Jacquot, il ouvrait ses quinquets, et pleurait de joie. C'est beau, les églises. Dire que ce con, il avait jamais foutu les pieds à la Messe, m^me pas pour voir le petit Jésus dans la crèche de Noël. Là d'sus, on était pas d'accord, le petit Jesus, quand même. Ben non. Il voulait pas. Un borné. Il devait être Breton exilé en sud-ouest. Moi, j'ai une théorie la-dessus, le Breton pur, consanguin, il est trop con, faut un peu de mélange, de l'arabe, du portos, du rital, du Corse, enfin du truc qui le rende explosif. Autrement le breton pur, ma doué Beniguet, c'est comme le beurre sans sel, ça existe pas.

Ils avaient bu un café ensemble. Il lui avait dit de pas sortir tout son oseille d'un coup, devant n'importe qui, dans un bar, vu que des petites frappes lui auraient fait la peau, de nos jours, pour moins que ça, puisqu'ils refroidissaient des vieilles pour leur tirer leur sac. Il lui avait même conseillé de le diviser en quatre et de le fourrer dans 4 poches.Tu vois ce qu'on devient, un mec fiché au grand banditisme, ben, il perd sa noblesse en tôle.Trop bon.

Le Jacquot, il faisait la loi chez les pedo,à la centrale, mais dehors, il était décalé de 30 piges. Rigolez pas, bande de caves, z'avez qu'à tirer 30 piges et vous verrez.
Après, le Mosché, il avait accompagné Jacquot qui avait fini par lui balancer l'adresse de sa vieille mère, créchant près de Bordeaux, un peu en dessous.
Elle était Zimeur.

La Zimeur, c'est une maladie que si tu l'attrape on peut pu te mettre en cage vu que tu y es. Tu deviens un insoumis comme la Dalle, une beauté que j'ai épinglée dans le placard de mon atelier.Même les matons ils ont ps le droit de la regarder. Ils se branleraient dessus.

J'avais essayé de la faire en sculpture dans la pierre de Caen. Trop belle, la Béatrice, et son homme est un béni ds Dieux. Moi, j'ai jamais astiqué le petit rose devant, par respect et pourtant tu sais, je soulève encore du lourd avec mon cric.
La Dalle, c'est la Zimeur du cinéma Français, libre, insoumise, belle, amoureuse de qui elle veut, c'est à dire de son homme et y a pas à discuter.
Mais la vieille à Jacquot, la Zimeur de Bergerac,ben elle se tirait tout le temps de chez elle et ils la retrouvaient assise au bord de la rivière à regarder le ciel.
Ils l'ont mis en tôle, dans une Maison de Retraite spécialisée, un EHPAD je crois, une boîte à Zimeur.
Jacquot, il m'avait écrit que sa vieille Mama, elle réussissait à se barrer malgré les serrures et qu'ils la retrouvaient toujours au bord de la rivière. Alors, ils donnaient l'alerte comme ici et ils partaient la chercher, comme ici, pour la remettre au mitard, comme ici.
A la fin, la vieille elle a claqué.
Jacquot, l'avait fait enterrer près du cimetière des chiens.
Ça faisait un peu plus loin, pour les visites, a cause du car, mais au moins, dans ce cimetière, quand elle se barrait de sa tombe, elle avait pas loin pour aller voir Kiki, son dernier compagnon.
Oui, je sais, vous croyez que je tire trop et que le Shit, il fait son effet. Parait,m'a dit Jacquot que dehors, les gens sont complètement speedés et abrutis. Y pensent qu'au blé et aux vacances, ils abandonnent leurs vieux. Ils disent que ça pue, les vieux, que ça sert plus à rien, comme les taulards. Tu peux crever , avoir des emmerdes de santé, et tout et tout, ils s'en tapent.
Ben, c'est du beau. Y peuvent tous crever que je m'en fout, sauf la Dalle. Elle au moins, c'est une vraie femme, bien Zimeur, libre, insoumise et fidèle à son homme.
Il est comme moi,son homme , il aime pas qu'on mette le ciel en cage et il a bien raison.
Mosché, il vient plus nous voir, nous les enfants de la balle. C'est pas qui nous aime pas. Il est mort Zimeur, le pauvre Moshé.Quand j'ai su, j'ai demandé à Michaël, un maton un peu moins con que les autres, bien qu'il soit juif, d'aller mettre une fleur sur la tombe à Mosché dans le cimetière Saint Gabriel de Caen.Il m'a dit qu'il avait prié à la Syna, pour lui.C'est un mec presque bien, faut qui démissionne et trouve un vrai travail d’homme.
J'aime bien les Juifs, moi, et puis j'aime bien aussi la Dalle et son homme à qui j'envoie le bonjour depuis ma cellule du Centre de détention de Caen, où je purge une perpet qui n'en finit pas.

Moïse Clément


Les mots difficiles :
pédo : pédophile/ Perpet: Peine de prison à perpétuité/
Zimeur :Alzheimer / EHPAD : Établissement pour personnes âgées dépendantes( Je travaille comme art-thérapeute dans un EHPAD en Normandie, loin de ma Bretagne natale/
Syna :synagogue/ Leborgne :Jean Marie de la Trinité sur Mer/ Veld'hiv : vélodrome inhumain / Rafle: Invention de Pétain/ Fours crématoires:tout sauf un détail. Béatrice Dalle : actrice Française et géniale de cinéma. Françoise Marie- 2011Santucci: journaliste de Libération ayant fait un portrait de Béatrice Dalle dans le N°35 Libération NEXT.


Billet de mauvaise humeur

Dans ce monde de virtualité soporifique, de meilleurs que tout le monde en photo, de génies délaissés de l'écriture( mon Dieu, ayez pitié d'eux) de cons à roulette qui vous sifflent, vous taclent, vous demandent si vous êtes bon Juif pratiquant, ou simplement arabe bâtard, dans ce panier de crabes racistes et haineux, dans cette grande famille de créatifs qui écrit ceci:

-t'as vu mon papillon,lol/Oui, il est bô/lol/t'es la plus grande des photographes du monde lol/oui, c'st vrai avec mon APS qui me suit partout.Lol...je me rentre.Lol, je suis malade/ Moi aussi/Pas tant que moi.

bref, il faut combien de temps pour se débarrasser de tout ça. Rien.
Une masse bien assenée sur le P.C. et voila, tous les chef d’œuvre au placard comme si était passé un Tsunami.
On n'a m^me plus le droit de déconner sur le Web. Alors, il faut le prendre, se libérer de ces carcans de petit bourgeois de la toile et vivre la vie telle qu'elle est, dehors, avec les autres, les malades comme les bien portants.
Ceux qui se trouvent moche dans les photos dessus,qui sont des photos du tournage de mon film LA MEMOIRE AMNESIQUE en 2009 et 201O, ils m'écrivent et j'enlève le moche.

LES 26 et 27 MAI 2011 puis les 6 et 7 JUIN je présenterai le matin à 9 heures,AU CAFÉ DES IMAGES D'HEROUVILLE SAINT CLAIR en Normandie, ce film qui dérange tant de monde
LA MÉMOIRE AMNÉSIQUE.

Je suis l'auteur de ce documentaire qui vous plongera au cœur d'un atelier d'art-thérapie, le mien, parmi les Alzheimer que je soigne avec une technique non médicamenteuse, humaniste, douce, et efficace.
Du temps où ce blog recueillait entre 8O et 100 commentaires par page, beaucoup d'entre vous me demandèrent comment acheter ce film.
Deux l'ont fait. dont mon ami Sylvain Arbez, land artiste de talent et Jurassien, que je site car il faut visiter son site.
C'est vrai que 15 euros, c’est cher pour défendre une cause. Vaut mieux baver sur le Web , démonter tout ce qui se monte, lécher tout ce qui se lèche, pomper joyeusement les autres créatifs et se les approprier.

Il est en vente maintenant dans tous les magasins de la FNAC en France. A vous de me montrer que vous avez une parole.
Soutenez la cause ALZHEIMER.

Roger Dautais
art thérapeute
à l'ARDAPA EHPAD RIVABEL'AGE de Ouistreham


P.S.


Mes photos présentées ci-dessus :

Il faudrait dire, ma vie d'artiste.
Melting pot de personnes aimées ou haïes, vivantes ou disparues, de pratique land art, de prise de vue, de création, de doute pour faire quoi?
Pour vivre tout simplement. maintenant loin des lazzis et des cons jolis s'étant occupé de ma judéité de trop près
A 69 ans,bientôt vécus, une claque dans la gueule suffit pour vous mettre à terre. Je les attend de pied ferme et retourne à la réalisation de mon second film du triptyque consacré à la maladie d'Alzheimer qui porte le titre de
J'AI OUBLIE MA MER .
Le monde des Alzheimer est sur-réel, irrationnel, c'est pour cela que je m'entend si bien avec eux, si mal avec mes ennemis jurés.

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.