La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 19 décembre 2012

To the sea

Guetteur de marée

La souffrance de la terre

L'ultime arrimage des 436 mémoires


A la croisée des chemins

Exil

A Raymond , seulement

Ode au figuier vert

Pour Denise Scaramai :  Cercle d'amis

Lac de Lebisey

Neuf raisons  pour changer d'âge

à Karine Maussière : Serpent sur le Biez

Fratrie

Mémoire amnésique
à Mozhgan Mostafavi
Avec mon amitié



 En quête d'une terre Bretonne

Demain, je foulerai la terre de mes ancêtres. Je dois aller saluer la mer avant de la quitter. Il fait un temps de chien depuis une semaine. J'aime marcher sous la pluie. J'ai garé ma voiture,  à l'entrée d'une petites routes de terre battue. Elle mène  à la mer. Je suis  un  peu fatigué et mes pas sont courts comme ma respiration. Je marche entre les marais  à gauche et une zone de dunes de sables couvertes d'oyats. La route s'arrête et fait  place  à un chemin  bordé d'arbres couchés parles vents dominants. La zone est déserte. Promis, je ne ferai rien d'autre que de voir la mer,  l'écouter et lui  parler si elle veut bien  m'entendre. Je n'ai ni sac  à dos,  ni carnet pour prendre des notes, ni appareil photo. J'ai  un simple bâton de marche, ferré qui  me suit depuis 35 ans. Avec son pommeau ganté de cuir, cette canne en hêtre a moins vieilli que moi. Cadeau d'un ami  Breton disparu très jeune.
Je franchis la dernière dune  qui borde une immense  plage de la côte de Nacre  où le vent règne en maître incontesté. La plage est couverte de galets sur  cinquante mètres,  puis d'un sable fin qui va jusqu'au sable  mouillé. La mer est à deux cents  mètres, roulant de petites vagues  blanches nerveuses et courtes.
Je connais cette musique. Elle m’accompagne souvent lorsque je travaille sur les côtes. J'oblique vers le nord-Ouest et longe l'estran.
 J'avais 56 ans  lorsque je me suis mis  à pratiquer le land art, sans l'autorisation de qui que ce soit, un sacrilège pour certains. Demain, je fêterai mes 70 ans. Jamais je n'aurais cru  y arriver tant les coups durs me sont tombés dessus, pendant cette période. A chaque fois, passés et digérés, je reprenais la route,  pour me garder en vie,  pour renouer ce lien si fort qui  m'attache  à la nature depuis le 20 Décembre 1942. Déjà,  à  l'époque,  il n'était pas donné de vivre. Naître en temps de guerre n'était pas  un cadeau et il fallait aussi, avoir  un  peu de chance.
Je me suis je té  à corps perdu dans cette pratique du land art. Ce que je donnais  à la nature, elle me le rendait, avec ce sentiment d'être pleinement vivant et à  ma place.
J'ai appris  à élever des cairns immenses,  à côtoyer des fleuves,  à travailler sur leurs rives. J'ai foulé les sables de mille plages, en France,à  l'étranger. J'ai compris les saisons qui  me passaient entre les mains, comme les années normales, assez détaché de cette notion de vieillir,  sans le regretter. J'ai  pris des risque physiques, j'ai connu des blessures sans jamais en vouloir  à cette nature qui  me remettait en place. Et  puis est venu  le temps où  l'on s'aperçoit que marcher, est plus difficile, escalader,  plus dangereux encore,  porter lourd,  impossible, parce que le corps ne suit plus. On dirait que la ligne droite va s'arrêter, mais qu'avant, il convient de la parcourir jusqu'au bout, le mieux possible et c'est ce que j'envisage de faire.
Alors, j'ai décidé d'aller confier tout cela  à la mer, car je la sais d'une immensité capable d' absorber  toutes les mémoires de la terre.
Quoi de mieux qu'un temps d'hiver, froid,  pluvieux et venteux  pour réaliser ce souhait avant de rentrer  à la maison. C'est ce que j'ai fait, les yeux dans les vagues blanches déferlantes, bercé par cette petite musique intime.
Le vieil homme et la mer,  oui, je sais...mais cette fois, j'ai emprunté  à Hemingway, une conclusion qui  me va bien. ce soir, avant de retrouver tous les miens en Bretagne
Joyeuses fêtes de fin d'année  à tous et  rendez-vous en 2013

Roger Dautais




ENTRE NEIGE ET NUIT

Entre neige et nuit
je glisse murmures lents

l'émanation des ombres
volutes, flammèches, fumerolles
mes aspirations

Tout ce qui s'efface
apparaît disparaissant

ainsi cet arbre, ainsi ton corps
ma main

évasive, soulevée, reperdue

à la lisière du gris
 calme ouvert.

 Ida Jaroscheck
extraits de " Survivances de la neige"  Inédits

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.