La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 20 octobre 2014

The last leaf : pour Alain Jégou
Song in the stump : Pour Isabella Kramer
Les cardinales : pour Lula Pélieu
Le guetteur de marée :  pour  Paul Quéré
La transmission  :  pour André Laude
Les demoiselles du Tombolo : pour Ana Minguez Cortella
Perles d'Automne  :  pour Marie-Claude
La tentation du vide  : pour Isabelle Jacoby
Fortuna : Pour Uuna
L'avant dire : pour Joëlle Mandard
L'alerte  :  pour Hélène Phung
Les  oubliés de Lampedusa : Pour Guy Allix *




Leur tour de vers les rend étrangers au monde qui les entoure.De quoi peuvent-ils alors écrire ?
Marie-Josée-Christien *


 Piège
Oh ! cette douceur d'automne, comme elle cache des drames, comme elle endort les consciences. Ce n'est pas le jour de s'étendre dans  l'humus et de rejoindre ceux qui  nous  ont précédés. Plus que jamais, les temps sont  à  la vigilance,  à la veille.

Le passage des Bernaches
 J'ai vu  mes premières Bernaches, sur les falaise de Ty Bihan. Huit, en vol, si proches de la côte que je distinguais leurs yeux. Elles volaient d'ouest en Est, remontant le temps. J'aimais les imaginer en provenance de Russie, du lac Baïkal,  peut-être. Elles m'auront vu, si  près d'elles. Un  immense bonheur cette rencontre. Je les attendais sans savoir si je serai là pour les revoir. Dans une année comme cette dernière, que d'occasions de raccrocher. Elles sont repassée,  une demi-heure  plus tard, dans l'autre sens,  pour aller se  poser  à la pointe de Ty Bihan. J'en ai oublié mes cairns tant la vie de ces  oies m'apportait du plaisir. Elles  sont mises  à nager, très paisiblement avant de reprendre  leur envol vers Locmariaquer.

Mémoires de  pierres
Dans les  pierriers,  l'humidité rend le sol humide et chaque pierre est un piège. J'assure chacun de mes pas,  à la recherche des plus belles  pierres pour continuer  mon histoire. Elles deviennent mes mots. Lampedusa n'est pas près d'arrêter. Je me sers de ces  pierres  pour parler de  l'exil, de ces trafics d'être  humains, des noyades, de l'enfance  brisée par cette vie  imposée. Oui, je suis d'accord, c'est beau l’automne avec ses forêts  multicolores mais ça ne doit pas faire paravent.

Viet-Nam
En prenant de l'altitude dans les falaises, je rencontre une sorte de  bonzaï naturel qui  m'évoque aussitôt les contes enchantés d'Hélène Phung. Je redescend vers le  pierrier et je remonte cinq belle  pierres que je coifferai de têtes avant d'offrir aux  lieux cette halte de voyageurs. Ce bonheur de créer efface ma fatigue,car elle est intense après quelques heures passées  à charrier des  pierres dans ce  lieu, très beau mais dangereux et hostile.

Norge
Vendredi d'octobre, entre deux jours de  pluies continues. J'ouvre ma fenêtre et  l'enjambe, direction  plein Nord.Ma réserve de baies rouges est conséquente mais  il  me manque des hampes de fougères. Qu'elles soient vertes ou d'un brun-orangé, je les trouve, belle. Je connais un chemin qui fera l'affaire.Après ce qui est tombé cette nuit, les terres sont détrempées. Je peux arracher mes fougères  à main nue, sans me lacérer les doigts. Sous un chêne, je fais une réserve de cupules. Après un court voyage d'une demi-heure,j'arrive au  lieu-dit Le champ des martyrs de Brec'h..
 Visite au bois sur le flanc droit du mausolée,  puis tour de la grande prairie. Très peu de  monde aujourd'hui.Je m'arrête sur le  mur d'enceinte. J'aimerais réaliser  un mandala pour Uuna la Finnoise. Les tiges de fougères en constituent la base. Je fait  l'inventaire de  mon  trésor: cupules, graines d'églantier, de rosa rugosa, de choisia ternata, de ruscus. Tout cela est bien coloré. Le centre du mandala est le début d'un rêve qui  me conduira dans le grand nord. Je progresse dans l'installation en  m'éloignant du centre. Le travail, est long,  minutieux, hypnotique. Le vent est  présent. Il  n'a pas d'emprise sur  mon travail. Le voyage est  long mais  j'y arrive. Uuna nous attend, elle est heureuse que le voyage se soit pasé sans encombres. L'existence de ce  mandala, est comme  un bonheur éphémère. Je pense  à la phrase du  poète Norge : " Tout ce qui existe un  instant existe pour toujours ".
Nous entrons  ici dans l'histoire de  l'humanité. C'est drôle et étonnant  à la fois.

Roger Dautais



Les jours firent de toi  ma teinture

 jours firent
de toi
ma teinture où
j’épuisais le monde
lunes mouillées avaient
la rondeur
des sommeils
je comptais les passages
pour que reviennent
la vigne     le bleu
des univers
dessinais
votre cœur.
Des fenêtres qui
bourdonnent
refont la durée.
C’est toujours
vous     une jupe caresse
votre
mélancolie
je vous jette
sommeils laissés
au vent    vos formules
me creusaient et ne sais
qui
à nouveau
m’appelle.

Esther Tellermann *, Afin qu'advienne
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Esther_Tellermann
* http://guyallixpoesie.canalblog.com/
* http://mariejoseechristien.monsite-orange.fr/

samedi 4 octobre 2014

Les demoiselles de Carnac  :  pour Maïté (Aliénor)
La passe de  l'Ange  : pour Anne Lemaître
Le rescapé de Piriac : pour Bob Bushell
Guetteur d'estran : pour Tilia
Les  guingois de Brec'h : pour Christian Cottard

Visions et rituel d'automne : pour Danièle Duteil
Loc'h, rive gauche :  pour Pastelle
Les rencontres de Brec'h : pour Elfi


Passerelle  pour le temps:  pour Patrick Lucas
Le grand lever :  pour Hélène Phung
Le chant des saisons  :  pour Marty
Les âmes au fond du lac :  pour Norma
L'espace-temps :  pour Rossichska
Passe Sud :  pour Uuna Syrjäsuo
Identité : pour Marie-Josée Christien





Aux passantes du Chemin des Grands Jardins


Au fond du lac, bordé de chênes, asséché  pour cause de travaux, ce  long cordon  noir qui borde la rive par endroits, me fait penser  à de la laisse de mer. Des milliers de cupules,  ont mariné, passé leur vie sous les eaux et gardé une trace de leur vie au grand air. J'en ramasse quelques-une qui me serviront pour les installations.Le temps s'écoule doucement.

 Je pense  à cette personne qui m'a dit: j'ai fait la Chine en dix jours. Comme elle a du souffrir ! Je suis beaucoup plus lent,  puisque je vais mettre  plusieurs jours  pour faire le tour du lac de Brec'h. Il est vrai en prenant mon temps. Depuis notre arrivée,  il y a dix-huit mois, je l'ai connu, très calme, agité, bouleversé par les inondations, accueillant de  magnifiques couchers de soleil d'hiver, brumeux, froid, animé par la présence de  pêcheurs, désert. Mais, en cela,  il ressemble au reste de la nature, en perpétuel,  mouvement, en changement, en mutation. Il faut être aveugle  pour ne pas avoir remarqué toutes ces variations qui rendent ce  lieu attrayant.
Cette étape de ma vie me fait interroger  l'univers au travers de ce  lac. C'est vrai, j'ai peu l'occasion de rencontrer des êtres humains capables de s’arrêter dans leur course, d'écouter, de partager. Tout le  monde  ou  presque, court, s'agite, se connecte, passe  à côté de la nature. Je ne condamne pas ces gens pressés, je constate qu'ils sont prisonniers du système.
Les pierres noires du fond du lac asséché ont entrepris  une reptation nocturne vers ce grand serpent d'eau qui subsiste en son centre. J'en rassemble quelques-unes. Elles sont  lourdes, sèches, ayant perdu toute leur eau. Elles sont parlantes et je capte beaucoup de leur énergie par les mains. La réponse de l'univers semble m'arriver par  là. J'élève un premier cairn. J'ai réussi  à m'exprimer, parler sans ouvrir la bouche, le jour  où j'ai compris le formidable langage des pierres. Leur énergie transcende ma pensée.
Être au monde devrait  éveiller en nous ce sentiment de surprise permanente face  à la nature.
Être suspendu entre naissance et  mort dans une tension  permanente, devrait nous éveiller à cette fragrance de la vie, cette vibration vitale et non nous endormir dans le vacarme de la vie imposée. Évoquer souvent  l'éphémère en oubliant qu'il est  au cœur de ma propre condition  humaine, sans l'avoir compris, serait une imposture.
Alors, tant pis, je n'aurai pas " fait la Chine en dix  jours" mais j'aurais appris à vivre en bonne entente avec  un  lac, qui  probablement, ne m'avais pas attendu pour faire sa vie.

Pendant cette dernière quinzaine, je me suis beaucoup déplacé dans la région et beaucoup marché, accusant une perte de créativité due probablement au moral. J'ai donc ainsi,  pu observer la nature, la mer, les  oiseaux de  mer qui sur cette côte Bretonne sont très nombreux. Se pose la question d'arrêter  ou pas,le land art, dans ces pannes créatives où je ne veux pas forcer ma pratique. Et  puis l'envie de créer est revenue, doucement, le plaisir aussi, de toucher la  pierre, la terre, le sable, l'eau, d'y sentir le temps les posséder. 
La conscience d'exister se cultive et peut se trouver aussi dans ce plaisir  à  manger quelques quartiers d'orange, assis dans les pierriers de Carnac, face  à  l'Atlantique, après une dure séance de land art. La conscience d'exister était en ce dernier jour de  l'été, de penser  à celle que  j'aime et de constater, une fois de  plus, que le bonheur sépare autant qu'il rapproche.

Circulaire et furtif, le jour répète sa leçon. Hier, maintenant, demain. Tout est appris,tout est contenu dans l'instant et cependant le vide s'élargit qui  parle d'abandon.

Roger Dautais




La  lumière pèse à  peine
ma patience du jour
accompagne  l'accomplissement
des saisons

Chaque  mot levé en  moi
peu  à peu.
m'unit
au froissement de  l'invisible


***

Le ciel
embarque un écho
de la terre

le  monde qui circule en  moi
se nomme avec la nuit

il  y brume
par envoûtement.

Marie-Josée Christien *

Ces deux  poèmes sont extraits de
Temps morts
Editions Sauvages 2014

* http://mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
Gisante, l'ombre d'où tu viens
révèle le paysage comme quand on s'éveille.
Cette nuit, chaque étoile eut une tige
enfoncée dans le cœur de chacun
comme pour y puiser sa lumière
et la laisser retomber jusqu'à nous
qui ne savions la saisir.
Mais toi, tu vins et toute la nuit glissa de ta robe
puis ta robe de tes épaules.
Qui es-tu, maintenant si proche,
quand nous qui croyons être éveillés
ne sommes qu'appuyés à la fenêtre aveuglante
mais toujours fermée d'un songe qui te désire. - See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/jean-fran%C3%A7ois-math%C3%A9-la-vie-atteinte/gwen-garnier-duguy#sthash.1BlX8BEY.dpuf
Gisante, l'ombre d'où tu viens
révèle le paysage comme quand on s'éveille.
Cette nuit, chaque étoile eut une tige
enfoncée dans le cœur de chacun
comme pour y puiser sa lumière
et la laisser retomber jusqu'à nous
qui ne savions la saisir.
Mais toi, tu vins et toute la nuit glissa de ta robe
puis ta robe de tes épaules.
Qui es-tu, maintenant si proche,
quand nous qui croyons être éveillés
ne sommes qu'appuyés à la fenêtre aveuglante
mais toujours fermée d'un songe qui te désire. - See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/jean-fran%C3%A7ois-math%C3%A9-la-vie-atteinte/gwen-garnier-duguy#sthash.1BlX8BEY.dpuf

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.