La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 7 mai 2014

Le gisant de Brec'h : Thibault Germain
Digenvez ( Le Loc'h ) :  pour Fanch Kerouac
Le secret des sources : Pour Patrick Lucas
Ombre et lumière au dolmen : Pour Marie-Josée Christien
An dro de Plas ker : pour Tilia
Da bep  lec'h ( Brec'h)  : Pour Danièle Duteil
Le lien de Kerpenhir  : pour Marie-Claude
Ar gouzrec'h : Pour Laodina Legal
Cairn au jusant : Pour Anne -Marie Santiago
La porte de Kerpenhir : pour Denise Scaramai
Le premier venu : Pour Mohamed El Jeroui
Rencontre : Pour Catherine Grall
La répétition : Pour Serge Mathurin Thébault
Identité : pour François Esperet
Exil : pour  Guy Allix



à François Esperet,
 en toute amitié


L'échappée belle

J'aime quitter la côte, le vent du large que je retrouverai, un  jour  ou  l'autre et  plonger au cœur de la forêt, marcher au travers des jeunes fougères en  pleine pousse, aller où la nature  m'invite, débusquant de nouvelles  fontaines où savent s'épanouit la salamandre dorée. L’échappée belle est une drogue dure. J'aime tomber sur ces chapelles improbables, introuvables, vivant dans une solitude absolue, sans se plaindre aucunement. J'aime leur accueil généreux, du  mécréant que je suis, dans leurs enclos ouverts à ces créations de  mondes à  mon échelle, semblables  à ceux de  mon enfance perdue et retrouvée, ici. Ce  jour  là, dans mes créations, je dépasse le réel, je me défais de cet habit de certitude, du formatage des idées de notre époque et je redonne vie  à trois  pierres, m'approchant dans l'esprit, des  guérisseurs de  pierres de Guinipili. Ces traits d'union entre deux mondes sont des offrandes qui voyagent et me reviennent.
Une fois de  plus, ma santé a failli pendant cette quinzaine et ralenti le rythme de mes créations et je ne suis pas tiré d'affaire mais j'ai vécu de grands et beaux instants de vie, comme au  pont romain de Brec'h.

L'heure  unique des petits rituels

Ce pont, très abîmé par les dernières  inondations de  l'hiver, est un  lieu marqué par  l'histoire. Plusieurs batailles s'y déroulèrent, et  l'on ressent cette terre devenue sacrée par le sang versé.
Lorsque je débouche du  bois surplombant ce lieu et le lac de retenue d'eau du Loc'h, celui-ci a perdu, en quelques semaines,  une grande partie de son eau. Les berges sont élargies, asséchées et le Loc'h serpente entre des banc de sable  ou de terre, ce qui  change complètement la configuration du paysage. Je profite d'un  possible accès  à  pied au  milieu du cours d'eau pour élever deux cairns dans une lumière sublime. Viendra ensuit, le gisant que j'installe sur la rive droite.
Je compte pas mes prémonitions, je les laisse vivre mais je savais que ce gisant était inscrit dans ce paysage depuis très  longtemps, attendant l'heure du jaillissement mémoriel.
L'heure des petits rituels qui vont changer provisoirement la vie du lieu a sonné. Peut-être suis-je  plus fossoyeur des âmes en peine, leur accordant une permission au  monde des vivants,  une incarnation subtile,  des soubresauts salvateurs, qu'un accoucheur du réel. J’invoque Ana Mendieta et le corps sableux émerge de la mémoire inondé du Loc'h.
Très rapidement, je le sculpte grossièrement puis je vais,  pour le lier au paysage, aller cueillir sur la rive,
 droite quelques tiges de fougères juvéniles, d'un vert tendre, qu'elles perdront dans leur maturité. Je les installe sur le corps, de la tête au  pied  de telle façon qu'elles deviennent la circulation sanguine de ce gisant,comme le faisait Ana Mendieta.
Je le sens vivant,  porteur de  mémoire de tous c es hommes  morts au combat, valeureux et lâches rassemblés en  un ru de sang mêles.
Un  geai muet nous survole et nous unit au paysage tout entier. Rien ne peut s'ajouter à  l'émotion, à cette fraternité des rives, aussi soudaine qu'éphémère. Dans les secondes qui suivent, chacun repart dans sa vie, lui, dans l'autre  monde et  moi, improbable chaman  ou visionnaire  poétique, je sais qu'une part de la Genèse du monde sera passée par  ce rituel sacré.
La descente secoue et il faut le chant du merle, accompagné d'une grive pour décider du reste et choisir le bon  côté : la vie.
Un frison m'indique la fin du rêve. Je caresse  l'eau du Loc'h. Elle est  fraîche et paisible. Elle parle de la vie, de la sienne, descendant de petites collines, de la mienne, Bretonne, et de l'amour qui nous unit.
Je quitte les lieux. Je sais que je vais la rejoindre, la retrouver et que je me noierai, une fois de  plus dans ses yeux bleus dont je suis éperdument amoureux.

Roger Dautais




Dans les ruines de l'état du temps
Des traces vertes
On  peut monter
Prendre la veille aux angles  morts
comme avant  mais vite

Mais vite ébloui
Par l'inquièt soleil
Que  l'on a voulu

Jean-Pierre Abraham

Etoilerie  Journal d'hiver


Elle a fait signe

Sur le fer des bateaux
Sur les vannes et le bois des vantaux

Sur les sables elle étale
Ses objets tout neufs
sa verroterie.

Jean-Pierre Abraham

La mer  à voir  Journal d'hiver


On ne s'excuse pas d'une santé défaillante,ni d'un panne d'informatique. Tout ça c'est du pareil au  même, les aléa se la vie. Et  pourtant c'est  bien ce qui m' éloigné de vous. J'ai fait ce que j'ai pu  pour vous retrouver. Le Chemin des Grands Jardins? Il va bien, merci 165 500 visiteurs au compteur. De ce  côté  là, rien  à dire. Si, j'allais  oublier : Merci, merci  pour votre soutien et pour l'amitié que vous me portez.

Roger Dautais

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.