La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 24 janvier 2015

Les rescapés  :  Pour Anne Le Maïtre
Mémoires vives de Lampedusa   :  Pour  Marty
Big stones : pour Guy Allix
Petit temple CHARLIE  : pour eux, simplement.
La vague océane  :  Pour  Marie-Josée Christien
L'ange   :   Pour François Esperet
Le giron  rouge  :  Pour Erin
Le chant des aiguilles, l'hiver  :  Pour Gine Proz
Le zéro coulé   :  Pour Anne Berthier
L'endeuillé de Mor Braz  :  Pour Norma C.
Les frères de la côte  :  Pour Chri
La petite semaine :   Pour Serge Thébault
Guetteur de marée I :  pour Christiana
Guetteur de marée II  :  pour Sandrine-Madeline-Gosselin
Guetteur de marée III  : Pour Danièle Duteil
Spirale Charlie ,  l'Adieu   :  pour Luce Lapin et ses amis
Trio story  : Pour Beatriz Macdowell


Les rescapés...

Le calme de  l'océan s'est brouillé au moment de la renverse et  j'ai entendu les premières vagues brasser les galets de Ty Bihan. J'attendais ce signe de vie. Avec les gros coefficients de marée,même par grand beau, la masse d'eau vient bousculer tous les pierriers. Impossible de garder quoi que ce soit ici, ni  l'eau qui coule entre mes mains, ni le  vents dans mes  poumons, ni  l'air frais qui brûle la peau,  ni les nuages dans leur course. Je ne manque de rien et pourtant, je trimballe cette tristesse en moi depuis une quinzaine de jours sans  pouvoir  ni  l'évacuer,  ni la partager.
Je dépense toute  mon énergie  à tenir debout dans ce  lieu hostile,  à choisir des pierres,  à les transporter  d'un point  à un autre pour continuer à raconter Lampedusa,  à ma façon. Une folie disent certains pour qui tout passe par l'oubli le plus rapide et la course au  profit, la seule qui vaille, selon  eux. 
Je suis vieux.
Je connais les puissantes vagues d'oubli qui frappent nos esprits après chaque tragédie. Je continue ma série sur  l'exil. Les pierres sont des mots, des  phrases, des personnages, des  images muettes. Le premier tableau en comporte douze.
Je descends  plus bas, vers  l'océan et dresse trois personnages  pour qu'ils vivent leur vie. Les masses d'eau de mer sont impressionnantes et forment une  houle qui promet. J'aimerai une grosse vague qui qui cerne le rocher très rapidement. Mais comment  commander  à la mer ? Cela ne se fait pas  par ici. Je me cale entre deux roches  à trois  mètres des trois personnages. A tout moment, la mer  peut reculer,  prendre son élan et faire une poussée en avant de 5  à 6 mètres, d'un coup et là, je pars  à la baille. Je sors  mon appareil photo, prépare  mon cadrage,  doigt sur le déclencheur. La vague attendue arrive, respecte les trois pierres, éclate sur la roche  et je prends  mon  premier bain de  pied de l'année. J'ai pris  une photo, mais  il n'y en aura pas d'autre. Je jette  un dernier regard  à mes rescapés. et je quitte les lieux trop dangereux avec cette houle.

Tempête
Il  y a des jours où le vent semble inépuisable. Avec la  pluie, bien accrochée entre le ciel et les terres noires
il  n'y a rien d'autre de  mieux à faire  ici que de marcher pour oublier cette semaine sanglante. Je marche dos courbé, parce que je suis vieux et qu'un vieux ça prend cette allure dans le mauvais temps. J'ai besoin du froid, du vent et de la pluie pour me sentir vivant, heureux de  l'être encore, pendant que d'autres.




 Cairns
Ma reprise d'activité land art en 2015 est passée par une très grande série de cairns élevés dans la région, dont je n'en montre qu'une partie, ici. Chacun d'eux est une preuve de cette volonté de vivre une expression  jusqu'au bout de mes forces. Rencontré qu'un seul photographe me shootant au télé-objectif, sans bonjour , sans rien. Il faut savoir qu'ici, certains nous prennent  pour des nuisibles et nous balancent aux mairies,  photos à  l'appui. Le monde st  beau.

CHARLIE, 
Depuis le tracer de ma spirale Charlie, de Kerpenhir, je n'ai rien fait de semblable. Les sables du Morbihan  l'ont prise en compte de mémoire et pour longtemps. Je l'ai présentée sur Facebook et j'ai été très rapidement piraté trois fois au point de fermer  mon compte au moins  pour un moment. Je ne comprends pas ce suivi dans la haine.


Roger Dautais


En marche
Et maintenant
en ne pensant à rien
et en regardant
ce coin de terre
qui contient
tout l'univers
vers la frontière
de ce qui n'a pas de frontière
je sais que je suis en marche.

Bruneau Sourdin. *

 * Retrouvez Bruno Sourdin sur son blog        http://brunosourdin.blogspot.fr/
et sur l'excellent site de Guy Allix, mon frérot  
 http://anthosuballix.canalblog.com/pages/bruno-sourdin/27583315.html

mardi 13 janvier 2015

SPIRALE  CHARLIE 
Spirale CHARLIE
Spirale CHARLIE


Nous sommes CHARLIE

Le Chemin des Grands Jardin est en pause depuis la semaine dernière. Je l'ouvre exceptionnellement  pour  une parution en hommage aux victimes des attentats de la semaine dernière.

Le temps est mauvais depuis  plusieurs jours et je ne peux pratiquer le land art. Nous attendons  un gros coup de vent en fin de soirée, mais je vais cet après-midi, profiter d'une fenêtre météo de  beau temps pour réaliser cet hommage auquel je pense depuis  plusieurs jours. J'ai choisi la plage de Kerpenhir, parce qu'elle est belle, sauvage, face  à l'océan,  bordée par l'océan Atlantique très agité aujourd'hui.
 Le premier endroit choisi  n'est pas bon. Trop d'algues sur le sable  pour tracer  une spirale.Je m'éloigne de la pointe de Kerpenhir et de ces rochers noirs, puis marche plein ouest pendant une demi-heure avant de trouver un  meilleur endroit.. La mer descend. Le vent d'ouest souffle très fort mais  il ne fait pas froid. Le glacis régulier de cette grande plage déserte, monte en légère pente vers les dunes d'oyats. Bien sûr, cette pente rendra l'entreprise de traçage  plus difficile, plus fatigante, mais je sais  pour qui je travaille, ceux de Charlie. 
Toutes ces victimes innocentes qui nous ont fait nous rassembler sous le même et unique slogan "NOUS SOMMES CHARLIE. J'ai promené ma peine  dans les rues de ma petite ville d'Auray, en compagnie de milliers de personnes, le cœur serré par cette peine qui ne  me lâche pas, sans comprendre cet acte odieux.
Seul sur dette plage,  j'ai pensé  à ceux que je connaissais depuis si longtemps par mes lectures, aux autres aussi, associés dans une  mort injuste. Je voulais traduire cette peine, cette émotion par une spirale, ce que je sais faire de  mieux, et mettre en valeur  les  24  heures du jours dans ces 24 tours de sable, comme  un signe de vie.  Cette création éphémère existait pour eux qui ne verraient plus la mer, ces oiseaux  libres et ne sentiraient plus jamais ce vent qui bousculait ma vieille carcasse, ni ce soleil d'hiver, si beau, cet après-midi à Kerpenhir.
J'ai terminé cette spirale, écrit le mot de Charlie, autour et je l'ai confiée  à la nature, aux oiseaux, à la  mer qui viendrait bientôt la recouvrir,  pour qu'ils s'en emparent comme , un geste d'adieu, désormais  inscrit dans la mémoire de cette plage.

Roger Dautais

En  mémoire de Charb, Cabu,Wolinski, Tignous, Honoré,Elsa Cayat, Mustapha Ourrad,Frédéric Boisseau, Bernard Maris, Michel Renaud, Franck Brinsarolo, Ahmet Merabet et toutes les autres victimes des attentats  liés  à cette première tuerie.
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Merci pour vos commentaires et votre soutien à la cause.

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.