La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 30 septembre 2015

Le serment mauve  :  pour Marie-Claude
Ombres  portées  à Kérendeven  :  pour Anne Le Maître
Boîte à légendes   : pour Anne-Marie Bodard
Grande spirale d'Etel   :  pour Danièle Duteil
 
Sur la route des sept îles  :  pour Chrys

Passage céleste : pour Marty
Offrande au dolmen de Luffang :  pour Pastelle  
Les beaux jours à Mériadec  :  Pour Tony et Fanny lenouvel
L'Heure unique  :  pour François Esperet
Occurrences  : pour Marylise Leroux
Quart de tour à Saint-Cado  :  pour Marie-josée Christien
Spirale Terraqué  : pour Eugène Guillevic
Terre d'espoir  :  Pour Ana Minguez Corella
Les sacrifiés de Lampedusa   :   pour Guy Allix
 "Breizh" .  Ile de St Cado  :  pour Rêveuse de  mots
Le grand  gisant de Saint-Jean  : pour Maïté-Alienor
Les blanches de Kerleano:  Pour Bob Bushell
L'ouverture du chantier  :pour Serge Mathurin Thébault
Signe celtaoïste  pour Paul Quéré
Aux passantes et passant du Chemin des Grands Jardins..

 .Les beaux ont déserté les plages à la  mode. Le sable respire à nouveau et prend la pluie pour un  cadeau céleste. Ici, le petit pays  poussé entre la mer, les rivières,  les landes et les ria, reprend son aspect naturel. Je peux, après cette saison d'été, pratiquer le land art en toute  liberté. Mais cela ne suffit pas de se  promener le regard vide. Je dois aiguiser, entrainer  mon regard, être  à  l'affût de tout ce qui va  provoquer en  moi, ce désir de réaliser  une installation en osmose avec le paysage. Choisir ce  lieu, c'est aussi choisir de figer  un  instant qui, de  toute  façon ne durera pas. Derrière la beauté apparente de ce paysage, se trouvent, la mort, le délitement,  l'entropie naturelle des choses, des êtres vivants.En terre sacrée comme  à Carnac  ou Locmariaquer, encore  plus qu'ailleurs. Une fois  l'installation réalisée,  inutile d'espérer  plus, tout disparaîtra. La  photo pérennise  l’œuvre  mais  pour combien de temps ?
Il  n'y a pas  à désespérer, c'est la  loi du  genre.
Lorsque je réalise  un gisant, comme celui de la  baie de Saint-Jean, je ne fais que de  rendre la mort acceptable, mais pas  plus que  pour une spirale, il n'échappera  à cette disparition, rongé par le vent, l'eau, le passage d'animaux sauvages.
Sachant tout cela, je reste le premier surpris par ce que je fais. Si je ne l'étais  plus,  où serait le plaisir. Je laisse cela aux personnes, qui  ont tout fait, tout, vu tout appris,sans jamais  pouvoir sortir de la case désignée pour eux par la société.

Je transporte dans  une poche de  mon sac  à dos, cinq petits rouleaux de  papier. Avant de partir, elle  m'a envoyé cinq phrases que  j'ai recopiées, avec application, sur ces  rouleaux. Arrivé dans les falaises de Ty Bihan de Carnac, devant l'océan, je sors les cinq rouleaux et les dispose dans le creux de  ma main. J'en tire  un au sort, ledéroule et  lit la phrase:
'' L'enfant qui dessine va droit  à  l'essentiel. Il suit la perspective du cœur qui dessine ce qui  n'est pas, pour voir ce qui est". Christian Bobin
 Cette  phrase me va. C'est aussi dans cet esprit que je pratique le land art.
J’enroule,  mon  petit papier, je le ficelle sur un bois flotté et je balance le tout  à la mer. Il s'éloigne  vers  l'Est, vers le soleil Levant, vers la  lumière.
A cet  instant, mon esprit s'évade. Partout l'écho des  mémoires enfouies sous les varechs, monte comme  une respiration venue des tréfonds des âmes perdues en  mer. Je lève l'ancre des  jours écoulés. Je prends le large pour des aventures  hauturières.
Un autre jour, je  m’enfonce dans les forêts les  plus noires. J'écoute le silence avec la plus grande attention. Minute  après  minute, il me livre ses chants d'oiseaux, ses craquements de  branches. J'entends le glissement des nuages sur la c^me des pins maritimes. Mes mandala ne sont que les patchworks de ces instants assemblés.
Il s'agit aujourd'hui, d'habiter l'instant, dans le dénuement, la solitude et  l'errance, pour qu'un prochain  jour advienne et devienne  un  lieu  possible de vie.
Actuellement, je vis de mémoires engrangées, depuis tant d'années, qui  me donnent  le " La " de mes nuits  blanches. Inutile de chercher  ailleurs.
Pratiquer le land art, c'est exercer ma mémoire à oublier ce que j'ai fait de  mieux, pour recommencer  ailleurs, à explorer  ma créativité.
La mer ? Elle est ma vie. Comment dire autrement, c'est  l'endroit que je veux atteindre en toutes saisons. Cet art de vie qui est le  mien depuis 17 années, maintenant, je n'ai pas trouvé  mieux comme épanouissement personnel. Si je  pouvais continuer encore un peu en sa compagnie, ce serait bien.


Roger Dautais.

 

deux sensibles

deux sensibles et qui 
tremblent dessous la peau
parmi des  hommes  mieux
plantés  : souvent on
s'enfuit.

Albane Gellé  



dans ma langue

dans ma langue aussi tes
femmes effraies, oiseaux, 
pianos, le  poids du  monde
et toutes les ombres :
dedans le crâne

Albane Gellé



Le Chemin des Grands Jardins, a  passé  le cap des 250 000   visiteurs  cette semaine. Soyez-en tous remerciés chaleureusement. Je me suis permis de reprendre des créations, toutes réalisées depuis  mon retour en Bretagne au mois d'Avril 2013. Seules les trois dernières  ont été réalisées au début de ce mois Je soigne actuellement  un blessure au dos qui ne me permet pas de sorties land art   pour le moment
 En attendant, continuez à soutenir LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS en y déposant vos commentaires qui sont très  importants  pour moi. 
Avec  mon amitié. 
Roger Dautais

mercredi 9 septembre 2015

Solitude : Pour Chrys
En revenant de Kerangoff : pour Claude Amstutz *
Cairn des randonneurs : pour France
L'alerte : pour  Thérèse
Grand passage  :  pour  Ana Minguez Corella
Enfants de chênes  :  pour Anne Le Maître
Mécanique des plages  :  pour Maïté/Alienor
La cabane du pêcheur  :  pour Tossan
Réunion de chantier  à Porz Pesket  : pour  Joan Fuentes
Break danse :  pour Christian Cottard
Le chant des cupules :  pour Pastelle
Kernevest Blues :  pour Noushka
L'enfant de quelqu'un  :  pour Aylan Kurdi
Guetteur de marée  :  pour Umiko Okasan
Songe d'un jour d'été à Lampedusa : pour Guy Allix


L' étranger


Ne me demandez  plus d'où  je viens, je suis étranger. Ce n'est pas  le mail reçu hier  qui me fera changer d'avis. Il contenait  une phrase de Cocteau que je vous  livre  : être  libre, c'est s'exercer à  n'être rien ". 
Des  ondes de silence montent de la mer et dénotent dans ce  bruit du monde qui chante, vous êtes de trop, partez, laissez nous notre pain. Mais je ne fais que ça, partir. Trop ceci, trop cela, trop  jeune, trop vieux, trop malade, le  monde crève de ne pas vouloir partager.

L'autre rive est atteinte sous les frondaisons. J'ai perdu pied au creux des grosses  pierres,  l'instant d'une apnée. Mes deux mains saisissent le futur. Je le happe, je m'agrippe, me hisse sur la berge, habits trempés.
Ici, la  mort est toujours solitaire. Peut-être  un  ou deux pêcheurs de truite qui passeraitpar  là, pour donner  l'alerte, signaler  un corps. Rien de  plus.
Je n'ai pas rêvé pareille  fin, simple constat. Cela  peut arriver.
L'abondance des branches d'arbres filtre les rayons de soleil,  jusqu'à installer  une  ombre profonde qui rend l'eau, noire. A  l'instant  même, je rêve aux falaises de Ty Bihan,  inondées de soleil. Ce sera pour demain. Je suis  à  l’œuvre, ici, je dois aller  jusqu'au bout.

Entre deux haies,découverte d'une  moissonneuse batteuse, rongée par la rouille. J'en prélève quelques  pièces. Je veux leur faire connaître les sables de  l'océan. La rencontre terre-mer est  intéressante qui crée  une autre mécanique de  plage, soulignée  par quelques baies. Je recommencerai ce mariage sur la route de Porz pezket avec des chutes de  bastaings. Ça sent le chantier, les cris des compagnons d'une maison  l'autre. J'y  installe  une circulation,  un ordre  inconnu que les sables garderont en  mémoire.
J'ai regardé les étoiles, y cherchant  une amie. Hier, c'était Alpha de Céphée, une étrangère. Elle passait son chemin.
Le  monde est fait de tant de bruits, d'alertes, de nouvelles si nombreuses qu'on ne sait plus. Les médias nous parlent de  l'enfant de quelqu'un, âgé de 3 ans. Il était Syrien, petit réfugié suivant ses parents. Son corps noyé vient d'être rejeté sur  une plage après le naufrage de leur bateau. L'opinion se déchaine Ils sont en trop, eux aussi.
Je descends vers la rivière, avant le lever du jour. J'y élève,  un seul cairn, pour rendre  hommage à Aylan, dans l' anonymat d'une ria qui s'éveille.

J'aime me lever de très bonne heure lorsque les jours raccourcissent et  m'offrent  un supplément de nuit à vivre éveillé sous les dernières étoiles.

Je  lui ai répété, écrire  n'arrange rien, bien au contraire, mais comment faire autrement dans ce tapage quotidien. Elle  m'a répondu par  une  phrase de Sophocle  : " Libre est la race des  poètes" Il serait  un peu tard, maintenant de changer de camp.
Étrange  pays qui résiste  à l'étranger que je suis. Je comble des vides mais jamais je n'arriverai à tutoyer e ciel. La solitude me permet de tout trier, mieux comprendre. Face  à  mes  pierres, pas de  mensonge, de faux semblant, la réponse est immédiate et je le paye d'ailleurs d'une blessure au dos.
Tous les matins, j'embarque avec  le capharnaüm de mes  idées,  pour  une navigation  hauturière. J'aime naviguer dans l'étrave de l'Ikaria Lo, et de son capitaine Alain Jégou*, parti tutoyer les étoiles  le 6 mai 2013.

Roger Dautais

*Retrouvez  l’œuvre du poète Alain Jegou
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_J%C3%A9gou

*Retrouvez le  poète Claude Amstutz 
http://lasciereveuse.hautetfort.com/




Place  à l'imagination mon  Momo 
Ou la folie si tu veux
La vie s'égoutte entre deux platanes   il
Y a de la morphine dans  l'écorce
Gélatineuse des  raisons   Voilà toi
Où tu  m'amènes
Naviguer dans les pas de  l'espace
En  plein coeur de l'oeuvre d'Artaud

Serge Mathurin Thébault*

In FIGURES
textes de Serge Mathurin Thébault
Gravures de Marie-Hélène Lorcy
Editions Thamé   2015

* Pour  retrouver Serge-Mathurin Thébault 
 http://www.art-chignaned.com/spip/article.php3?id_article=113

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.